1848-1853

Jean Aicard est issu d'une lignée de travailleurs essentiellement liés à la Marine et à son arsenal. Seul son père put accéder à une instruction supérieure mais, en raison d'un décès prématuré, il n'eut aucune influence sur l'évolution de son fils.
Jean Aicard naquit à Toulon le 4 février 1848, fils de Jean-François Aicard (qui avait récemment mis fin à sa relation avec Pauline Roland) et de Victoire Isnard... épouse Amédée André, qui avait quitté le domicile conjugal après avoir eu trois enfants avec son mari, dont seule survécut leur fille Jacqueline, demi-sœur de notre écrivain. Par respect pour les conventions sociales de l'époque, le nouveau-né fut donc déclaré « de mère inconnue ».
Le couple vécut ainsi à Toulon, rue de l'Ordonnance, dans une certaine insouciance, habitant une grande maison appartenant au grand-père paternel Jacques Aicard : Victoire s'occupait de son fils et Jean-François étudiait et écrivait… bonheur vite interrompu quand, le 17 avril 1849, la maison fut saisie et vendue par décision judiciaire. La famille Aicard dut vider les lieux : Jean-François, Victoire et le petit Jean partirent pour Paris et s'installèrent au quartier de Vaugirard : c'est là que Jean-François mourut le 16 mai 1853, d'une maladie pulmonaire.

1853-1857

Au retour à Toulon, Victoire, dépourvue de toute ressource, se réfugia chez ses parents. Son père, Auguste Isnard, orfèvre en retraite, fut nommé tuteur de son petit-fils par délibération du conseil de famille.
À la rentrée scolaire 1853, le petit Jean entra à l'école municipale de Toulon, en classe élémentaire, 5e division. Il y passa les deux années scolaires 1853-1854 et 1854-1855.
Après l'été 1855, Victoire retourna à Paris et son fils fréquenta, durant l'année scolaire 1855-1856, une pension de la rue des Saints-Pères, où il découvrit la poésie, avec « La carpe et les carpillons », du livre I des Fables de Florian.
Retour à Toulon en mai-juin 1856 : Victoire revint chez ses parents et l'année scolaire 1856-1857 de son fils paraît avoir été assez chaotique : Jean fréquenta plusieurs établissements, notamment une « école des arts et métiers » où il fit un apprentissage de la sculpture sur marbre.

1857-1859

Scolarité au lycée impérial de Mâcon, où Jean Aicard suivit les classes de huitième (année scolaire 1857-1858) et de septième (année scolaire 1858-1859).
C'est probablement à l'été 1858 que Jean fit la connaissance du grand-père Jacques et de la tante Magdeleine qui, après leur faillite et la vente forcée de leur maison toulonnaise, s'étaient réfugiés dans une modeste demeure au hameau de Sainte-Trinide (commune de Sanary).
L'autre événement marquant de la période mâconnaise est la rencontre avec Alphonse de Lamartine, qui avait bien connu Jean-François Aicard le père du garçonnet et était en relations avec Alexandre Mouttet, le nouveau compagnon de Victoire Isnard.
Le grand écrivain, après son échec politique, s'était retiré de la vie publique et avait perdu l'estime de la plupart de ses concitoyens quand son impécuniosité le força à accepter les largesses de l'Empire… mais il restait le poète inspiré de ses grandes œuvres et sut guider les premiers pas de son protégé dans l'art difficile de la versification.
Le séjour à Mâcon, où il dut accepter la rigueur du climat et la solitude de l'internat, fut, pour le petit Toulonnais, une grande épreuve. Admis en classe de sixième à la rentrée de 1859, il obtint, par arrêté du 11 novembre 1859, son transfert au lycée impérial de Nîmes.

1859-1865

Jean Aicard resta au lycée impérial de Nîmes jusqu'à la fin de la classe de rhétorique, en août 1865. Revenu à Toulon, il y prépara seul le baccalauréat et se présenta le 19 décembre 1865 devant la faculté des lettres d'Aix-en-Provence pour y subir les épreuves : il réussit l’examen.
C'est pendant la période nîmoise que la passion de Jean Aicard pour la poésie prit son essor et l'année 1861 s'acheva avec sa première publication, dans une modeste revue locale.
Et c'est du lycée de Nîmes que l'adolescent osa prendre contact avec le plus célèbre proscrit de l'Empire, Victor Hugo, qui fit au jeune homme un excellent accueil, inaugurant ainsi une longue relation qui ne prit fin qu'avec la mort du grand écrivain.

1866

Titulaire du baccalauréat, Jean Aicard débuta des études de droit à la faculté d'Aix-en-Provence, plus par tradition familiale que par inclination personnelle : son père avait fait du droit, Amédée André également, ainsi que le compagnon de sa mère, Alexandre Mouttet, avoué toulonnais. Il prit sa première inscription le 30 janvier 1866 et, le 30 janvier 1867, réussit le premier examen de bachelier en droit.
Durant cette période, il fit son entrée dans famille André.
Fils adultérin de l'épouse infidèle d'Amédée André, Jean Aicard se trouvait dans une position bien délicate vis-à-vis de celui-ci. Néanmoins, l'époux malheureux, probablement pétri des bons sentiments de la religion saint-simonienne qu'il professait, eut la magnanimité de ne point faire porter à l'enfant la faute d'une mère volage.
Par ailleurs, Jean se trouvait être le demi-frère de Jacqueline André, fille d'Amédée, de neuf ans son aînée.
Jacqueline avait épousé, le 5 janvier 1856, le lieutenant de vaisseau Émile Lonclas. Mais celui-ci avait contracté diverses maladies lors de ses campagnes ; des séquelles tardives apparurent, son état de santé se détériora. Il dut quitter le service actif et mourut le 28 juin 1863. Jacqueline, jeune veuve de vingt-cinq ans, sans enfants, revint à Toulon, partageant avec son père une existence vide et oisive, entre la maison de ville et les séjours à la petite bastide rurale des Lauriers, à la frontière de Toulon et de La Garde.
Jeune femme sans avenir, très affectée par son infortune et n'ayant pour toute compagnie qu'un père vieillissant, elle s'intéressa à son demi-frère alors bien inconnu : rapidement séduite par ce beau jeune homme à la situation familiale compliquée, fin et délicat, artiste d'une grande sensibilité, poète mais aussi philosophe, désireux de conquérir la gloire, elle décida de lui accorder toute son affection. Après quelques timides échanges de courrier, la véritable rencontre eut lieu en janvier 1866, juste avant que Jean ne se rende à Aix pour y suivre ses études de droit.
Les sentiments fraternels se développèrent rapidement entre les jeunes gens, avec la bénédiction d'Amédée, et Jean trouva vite chez eux une véritable famille : dès le mois de juin 1866, il les accompagna dans leur campagne des Lauriers.

1867-1870

Au début de l'année 1867, Jean Aicard était tout accaparé par un grand projet : publier un premier recueil poétique afin de faire connaître son talent et d'être admis parmi les poètes de son temps. Il marqua donc une pause dans ses études, rassembla toute sa production, effectua des choix et composa un premier recueil qu'il soumit à plusieurs poètes connus, par l'entremise d'Alexandre Mouttet qui était alors en relation avec toute la société littéraire de l'époque. C'est auprès de Léon Laurent-Pichat qu'il trouva le meilleur accueil. Jean s'installa à Paris en mars 1867, se remit au travail et déposa chez l'éditeur parisien Alphonse Lemerre le manuscrit de ses Jeunes Croyances, qui sortirent en librairie au mois de mai suivant.
Il reprit ensuite à Paris ses études de droit. Il s'était lié d'une grande amitié quasi fraternelle avec Elzéar Bonnier-Ortolan, un cousin d'Émile Lonclas, et donc de Jacqueline par alliance. Malgré ses efforts, la chicane et les arguties ne parvenaient pas à susciter son intérêt : il repoussa donc son examen à la rentrée et quitta la Capitale à la fin du mois de juillet 1867.
Il retrouva son pays natal où, grâce aux efforts patients de Jacqueline et à la magnanimité de chacun, les familles Aicard et André s'étaient retrouvées. Jean passa une grande partie de l'été aux Lauriers.
De retour à Paris en octobre ou novembre 1867, le jeune homme tenta de reprendre ses études : la famille attendait qu'il passât le baccalauréat en droit sanctionnant la deuxième année, mais Jean, redoutant l'échec, différa son examen à une autre session.
Il retrouva les Lauriers en août 1868, se promettant d'agréables vacances, mais une atteinte sévère de « petite vérole » (variola minor) le mit fort à mal... et l'obligea à porter la barbe pour dissimuler les cicatrices du visage.
De retour à Paris au début de l'année 1869, il ne put passer son examen et mit un terme à ces études pour lesquelles il n'était pas du tout fait.
Fort de ses premiers succès littéraires, Jean décida de se consacrer entièrement à la littérature et au journalisme, avec l'accord de tous les siens à Toulon.
Selon son habitude, il passa l'été 1869 à Toulon.
Reçu membre de la Société académique du Var en janvier 1870, il demeura ensuite à Toulon, les événements de la guerre ne lui permettant pas le retour dans la Capitale. Il prit part à l'établissement de la République dans sa ville natale, tout en poursuivant son œuvre littéraire, dans les genres de la poésie et du théâtre où il remporta ses premiers succès.

1871-1872

Jean Aicard retrouva Elzéar Bonnier-Ortolan à la mi-mai 1871 et, durant cinq jours, ils parcoururent les montagnes grenobloises.
Le dimanche 12 novembre, il rendit visite à Jules Michelet qui se trouvait alors à Hyères.
Il ne revint à Paris qu'à la fin novembre 1871. Il s'installa provisoirement à l'Hôtel de New-York et de Beaune, 22 rue de Beaune, où sa sœur le rejoignit au début décembre.
acqueline se mit aussitôt à la recherche d'un logement décent et trouva un appartement, comprenant trois chambres et un salon, chez une vieille dame, au 55 rue de la rue Bonaparte. Ils s'y installèrent à la mi-décembre.
Jean entra dans le cercle des Vilains Bonshommes : le samedi 2 décembre, il leur fit lecture de Pygmalion et de La Mort de don Juan.
Il se lia d'amitié avec Camille Pelletan, devenu après la guerre un des radicaux les plus intransigeants, journaliste et très ardent collaborateur du Rappel.
Le lundi 10 décembre, il dîna chez Victor Hugo : « J'ai dîné hier chez Victor Hugo. Il est simple, amical, doux, indulgent. Aucune pointe d'orgueil n'a percé durant les trois heures que j'ai passées chez lui. Il défend qu'on parle avec malveillance de tel et tel personnage qui le maltraite, lui, ou qui tient à un parti absolument opposé. il m'a charmé. »
Participant à la vie littéraire de la Capitale, Jean cherchait à pénétrer peu à peu les milieux du théâtre et de la presse pour s'y faire une situation.

Au début de l'année 1872, Jean Aicard commença à vivre de sa plume par les articles qu'il fournissait à divers journaux. Il entra comme rédacteur au journal Le Peuple souverain, fondé par Victor Hugo, simple feuille démocratique à cinq centimes, qui parut à partir du 16 mai 1872. Et il poursuivit sa collaboration avec d'autres périodiques, comme L'Égalité de Marseille ou L'Espagne nouvelle.
Après les événements tragiques de 1871, de jeunes écrivains s'assemblèrent pour manifester la vitalité de leur génération et fondèrent La Renaissance littéraire et artistique, dont le premier numéro parut le 27 avril 1872, imprimé sur huit pages, en deux colonnes. Ses principaux collaborateurs étaient Jean Aicard, directeur-gérant à titre bénévole ; Émile Blémont, par ailleurs principal bailleur de fonds ; « Pierre Elzéar », pseudonyme d'Elzéar Bonnier-Ortolan ; Ernest d'Hervilly, Camille Pelletan, Armand Silvestre et Léon Valade.
Dans ses fonctions de directeur-gérant, Jean devait s'occuper… d'un peu tout : il était la cheville ouvrière de l'entreprise où son entrain et sa passion faisaient merveille.
Le 22 juin, il rendit visite à Jules Michelet, dans son appartement parisien.
Vers la fin du mois de juin ou au début du mois de juillet, Jean Aicard vint passer l'été en Provence : il devait rentrer pour le 15 septembre mais le bon grand-père Jacques touchait au terme, et son petit-fils ne voulut pas le quitter à l'instant suprême : il mourut en effet le 29 septembre 1872.
Jean ne regagna la Capitale que fin octobre ou début novembre et y retrouva son appartement de la rue Bonaparte. Il quitta la direction de La Renaissance, devenue pour lui une charge trop importante : il était un créateur et non un gestionnaire !

1873

Les succès littéraires se multiplièrent en 1873 : l'à-propos Mascarille interprété par la Comédie-Française et le poème Pierre Puget primé par la Société académique du Var apportèrent de nouvelles preuves de son talent.
Fin avril, Jean Aicard se trouvait à Marseille où il assista à la création de l'opéra Pétrarque du Toulonnais Hippolyte Duprat.
Il resta ensuite en Provence jusqu'à la fin de l'année.
En décembre, la publication des Poèmes de Provence lui apporta son premier succès national : Jean Aicard était désormais un poète connu et reconnu, entrant dans une véritable carrière littéraire.

1874

De retour à Paris au tout début de l'année, Jean Aicard vit le triomphe de ses Poèmes de Provence.
Revenu à La Garde au début août, il apprit que, dans sa séance du jeudi 13, l'Académie française lui avait décerné un prix Monthyon de deux mille francs pour ses Poèmes de Provence.
Début novembre, il s'offrit un voyage à Venise en compagnie de sa sœur.

1875

Jean Aicard commença l'année à Toulon mais, en février, il revint à Paris et s'y installa avec Jacqueline au 16 rue des Saints-Pères.
En septembre il s'en alla en Italie, non seulement comme envoyé de quelques journaux mais aussi comme représentant de la Société académique du Var, afin d'y participer au quatrième centenaire de la naissance de Michel-Ange (1475-1564).

1876

Aux premiers jours de l'année, Jean Aicard se trouvait à Paris : son volume de poésies La Chanson de l'enfant était sorti en librairie dans les derniers jours de l'année précédente et débutait une belle carrière puisque, dans sa séance du jeudi 3 août, l'Académie française lui décerna un prix Montyon de mille cinq cents francs.
Il paraît avoir passé toute l'année dans la Capitale, ne s'offrant qu'une escapade de quelques jours à Nîmes, au début du mois de novembre, pour y participer à une grande fête félibréenne.

1877

Jean Aicard quitta la Capitale à la fin du mois de mai et passa l'été en Provence.
Il se trouvait à Arles, à la fin du mois de septembre, pour y participer à des fêtes félibréennes.

1878

Le mercredi 27 février, sur le théâtre de la Comédie-Française, à la représentation donnée au bénéfice de Bressant pour son départ à la retraite, Sarah Bernhardt et Mounet-Sully jouèrent des fragments de la traduction en vers de l'Othello de Shakespeare que Jean Aicard était en train d'achever. Dans cette brillante soirée, Coquelin récita Les Adieux de Bressant, à-propos également dû à la plume de notre écrivain.
Et, pour l'anniversaire de Corneille célébré le 6 juin, Jean Aicard composa des stances dites par Maubant.
Il fit, en avril, un premier voyage en Suisse (Genève, Lausanne, Neuchâtel) au cours duquel il lut, aux applaudissements du public, des fragments de son Othello et des poésies nouvelles, notamment le poème André Chénier.
Fin novembre et début décembre, Jean Aicard se rendit en Hollande et séjourna à Amsterdam, Leyde, Dordrecht, La Haye, Schéveningue, Rotterdam : il en rapporta un album de voyage formé de morceaux détachés, de tableaux de genre ou de paysages, mais aussi de détails relatifs à la vie, aux mœurs, au caractère, à l’esprit hollandais. Durant son voyage, il fit parvenir des notes à L’Événement, en prose et en vers ; à son retour, il les réunit en un petit volume qui parut en février 1879 sous le titre Visite en Hollande.
Enfin, l'éditeur parisien Charpentier donna l'« édition définitive » des Poèmes de Provence.

1879

Mi-février, deuxième voyage en Suisse avec des séjours à Genève, Lausanne et Neuchâtel.
Le 25 mars, Jean Aicard participa au concert annuel de la Société protectrice de l'enfance, au Théâtre du Gymnase à Marseille, et y lut son poème Le Petit Peuple.
Du premier juin au 14 juillet, séjour à Londres en compagnie des acteurs de la Comédie-Française : Jean Aicard fournit à la troupe Molière à Shakespeare, un prologue en vers qui fut récité par M. Got le lundi 2 juin 1879 pour l'inauguration des représentations, et William Davenant, une comédie en un acte et en vers qui clôtura le séjour.
En août et en décembre, il est signalé à La Garde : il a passé tous ces mois aux Lauriers afin d'y achever Miette et Noré. Il en donna une première lecture à ses collègues de l’académie du Var le lundi 22 décembre.

1880

Le vendredi 13 février, Jean Aicard fit une première lecture de Miette et Noré dans les salons parisiens de Mme Juliette Adam : le livre parut en librairie à la fin du mois.
Fin mars et début avril, l'auteur fit la promotion de son ouvrage en Belgique. Au retour, il enchaîna avec un troisième voyage en Suisse, emportant dans ses bagages son William Davenant joué l’année précédente au Gaiety Theater de Londres.

1881

Le jeudi 9 juin, l'Académie française décerna le prix Vitet à Jean Aicard pour son poème Miette et Noré.
Vers le 20 octobre, le poète résida au château de Saint-Estève, du côté de Cavaillon, puis passa le début du mois de novembre à La Garde.
Le dimanche 13 novembre, il lut son Othello dans les salons parisiens de Mme Juliette Adam.

1882

Malgré sa publication en janvier, l'Othello de Jean Aicard resta oublié dans les cartons de la Comédie-Française ; la troupe donna toutefois aux Parisiens, à la fin avril, le William Davenant créé précédemment à Londres.
Arrivé à La Garde à la mi-mai, Jean Aicard y demeura jusqu'à la fin novembre.
En juillet, il fut nommé chevalier de la Légion d'honneur.
Il ne retrouva Paris que le 1er décembre, où il apporta sa pièce tout fraîchement achevée, Smilis.

1883

Smilis fut reçue à l'unanimité, le 1er février, par le comité de lecture de la Comédie-Française.
Le mardi 13 février, l'Académie française décerna son prix annuel de poésie, d'un montant de quatre mille francs, à Jean Aicard pour son poème Lamartine.
La Comédie-Française, ayant pris du retard dans ses productions, renvoya à plusieurs mois la création de Smilis.
Jean Aicard quitta Paris le 3 avril et séjourna en Provence jusqu'à la fin septembre. Il ne retrouva la Capitale que début novembre pour y lire ses vers à Lamartine sous la Coupole.
Fin novembre, la troupe du Français débuta les répétitions de Smilis.

1884

Première de Smilis le mercredi 23 janvier ; mais après une dizaine de représentations, la pièce tomba à la suite d'une cabale intentée, avec bien peu d'élégance, par le critique théâtral Francisque Sarcey.
Jean Aicard s'en fut, à la fin mars, en Suisse pour un quatrième voyage littéraire (Genève, Lausanne, Neuchâtel).
Il revint en juillet pour passer l'été à La Garde. Le choléra fit son apparition à Toulon au milieu du mois.
Jean Aicard paraît avoir passé tout le deuxième semestre à La Garde : il put ainsi avancer les ouvrages qui seront publiés l'année suivante.

1885

Le 22 mai, décès de Victor Hugo. Jean Aicard, intime du poète et de sa famille, célèbra le défunt par plusieurs poésies.
En juin, publication du Dieu dans l'homme.
Jean Aicard vint ensuite en Provence ; en août il était à Draguignan pour y achever l'édition des poèmes de son ami François Dol décédé l'année précédente.

1886

Le jeudi 10 juin, le comité de lecture de la Comédie-Française reçut Le Père Lebonnard : ainsi commença un véritable psychodrame théâtral dont les épisodes se succédèrent pendant plusieurs années !
Au début du mois de septembre, Jean Aicard participa aux grandes fêtes provençales organisées dans le département de Vaucluse.
En octobre, il assista au mariage de Pierre Loti à Bordeaux.
L'éditeur parisien Charles Delagrave publia, à la fin de l'année, Le Livre des petits.

1887

En janvier, Jean Aicard reçut à La Garde Coquelin et son fils.
Au début février, il était toujours à La Garde.
Il retourna ensuite à Paris, en donnant au passage une conférence à Sisteron, et, le 12 mars, présenta au Cercle Saint-Simon son Livre d'heures de l'amour, qu'Alphonse Lemerre publia en mars.
En avril-mai, Jean Aicard fit un voyage en Algérie et Tunisie, à l'occasion d'un congrès d'instituteurs présidé à Alger par le ministre de l'Instruction publique, M. Berthelot.

1888

Fin juin, publication de Au bord du désert.
Dans la promotion du 14 juillet, Jean Aicard fut nommé officier de l'Instruction publique.

1889

En octobre, Jean Aicard se trouvait à Paris pour la création du Père Lebonnard par les acteurs du Théâtre-Libre d'Antoine, précédé du prologue Dans le guignol. La pièce fut également publiée.
Fin novembre, publication de Don Juan sous la forme d'un long poème.

1890

Le 7 mars, Le Père Lebonnard fut joué au Grand-Théâtre de Toulon en présence de l'auteur.
Le 10 mai, Jean Aicard se trouvait à La Crau (Var) pour les obsèques du chirurgien de la Marine Michel Raynaud.
Début octobre, il assista aux obsèques d'Alphonse Karr à Saint-Raphaël (Var).
Fin décembre, sortie en librairie du premier roman de Jean Aicard, Roi de Camargue.

1891

En février, Jean Aicard commença à faire circuler sa pétition contre le décret de Moscou.
Le 22 mai, il fit une conférence à Marseille sur Lamartine.

1892

En juin, publication d'un second roman, Le Pavé d'amour.
Le mardi 14 juin, la Comédie-Française reçut à correction Don Juan fin-de-siècle.
Le 21 juillet, discours de distribution des prix au cours secondaire de jeunes filles de Toulon.
En août, Jean Aicard, qui se trouvait à La Garde, rendit un bel hommage au jeune médecin de la Marine Jules Millet, décédé de maladie au Sénégal.
Le 22 septembre, il participa aux fêtes de la République à Toulon.

1893

Le 24 janvier, Jean Aicard revint à Paris pour repartir aussitôt donner quelques conférences à Bruxelles.
Le 25 janvier, la Comédie-Française refusa définitivement le Don Juan fin-de-siècle.
En avril, Jean Aicard effectua un cinquième voyage en Suisse et fut élu membre du Comité de la Société des gens de lettres.
Le 27 mai, il fit un discours à la fête donnée au palais du Trocadéro par la Société de secours aux familles de marins français naufragés.
Fin juin, publication de L'Ibis bleu.
En juillet, Jean Aicard revint à La Garde.
Il passa le mois d'octobre à Toulon et participa aux fêtes données en l'honneur des marins russes de l'amiral Avellan.

1894

En janvier et février, Jean Aicard mena une campagne active en faveur des marins engagés dans la pêche en Islande.
En mars, il posa sa candidature pour la succession de Maxime du Camp à l'Académie française.
Le 9 avril, il fut élu président de la Société des gens de lettres. Il habitait alors rue Michelet.
Fin mai, Flammarion publia le roman Fleur d'abîme.
Le samedi 16 juin, Jean Aicard prononça un important discours lors de la séance inaugurale du Congrès international athlétique réuni à Paris par le baron Pierre de Coubertin en vue de la création des Jeux olympiques modernes.
Le dimanche 5 août, il fut élu citoyen d'honneur de Bormes (Var) au cours d'une fête populaire.
Le 10 octobre, de retour du Midi, Jean Aicard présida sa première séance de la Société des gens de lettres. En novembre, à la suite d'un différend à propos de Rodin et de la statue de Balzac, il démissionna de son poste de président de la Société des gens de lettres.

1895

Fin mai, sortie en librairie de Diamant noir.
En juin, Jean Aicard posa sa candidature au fauteuil de Ferdinand de Lesseps à l'Académie française.
En juillet, il était à La Garde.
En août, parution de L'Été à l'ombre.

1896

En février, publication de Notre Dame d'amour.
Début mars, sortie en librairie de Jésus ; nouvelle candidature à l'Académie française, au fauteuil d'Alexandre Dumas fils.
On retrouve Jean Aicard à La Garde à la mi-juin.
Jean Aicard se trouvait à San Remo quand le tsar Nicolas II et l’impératrice Alexandra vinrent en visite officielle à Paris du mardi 6 au samedi 10 octobre.

1897

Le 18 janvier, Jean Aicard participa à la fête du bicentenaire de Dupleix à la Sorbonne.
Le 24 mai, il prononça un discours au palais du Trocadéro au cours de la matinée au bénéfice de la Maison de travail pour jeunes gens.

1898

Début janvier, la Comédie-Française reçut l'Othello de Jean Aicard.
En mars, Ernest Flammarion publia L'Âme d'un enfant.
Fin novembre, Jean Aicard lut son Othello aux acteurs de la Comédie-Française ; les répétitions commencèrent à la fin de l'année.

1899

Le 27 février, première d'Othello.
Jean Aicard s'offrit un long voyage de trois mois en Italie : Venise (fin mai), Rome (juin, avec réception par la reine), Florence et Naples (juillet), Pompéi ; puis retour par Naples, Florence et Sienne (août).
Fin novembre, Jean Aicard reçut le musicien et compositeur Reyer à La Garde.

1900

En février, Jean Aicard se porta candidat aux fauteuils académiques d'Édouard Pailleron et Victor Cherbuliez.

1901

En avril, Jean Aicard fut fait officier de la couronne d'Italie.
Le dimanche 5 mai, en compagnie de sa sœur, il fut victime d'un accident de tramway à Marseille.
En juillet, il revint à Paris pour les répétitions de son Othello repris par la Comédie-Française.
Par décret du 23 juillet, Jean Aicard fut promu officier de la Légion d'honneur. Il habitait alors au 40 rue du Luxembourg.
Fin juillet, Ernest Flammarion publia le roman Tata.
En août, la Comédie-Française donna Othello avec Mounet-Sully dans le rôle-titre.
Le 24 août, Jean Aicard participa à un dîner chez l'amiral de Beaumont, préfet maritime de Toulon.

1902

Jean Aicard passa tout le premier semestre à Paris.
Le 20 juillet, il était à Fréjus (Var) pour l'inauguration du buste du chansonnier Désaugiers.
Début août, il se trouvait à Toulon pour y soutenir l'amiral de Beaumont limogé par Camille Pelletan.
Le 12 août, il participa aux fêtes littéraires d'Orange.

1903

La Légende du cœur fut créée le 13 juillet, sur le théâtre antique d'Orange, par Sarah Bernhardt.

1904

En juillet, la Comédie-Française répéta Le Père Lebonnard avec Silvain dans le rôle éponyme.

1905

En novembre, Jean Aicard se porta candidat au fauteuil académique de José-Maria de Heredia.
Par arrêté du 20 novembre, il fut nommé membre de la commission consultative instituée au sous-secrétariat d'État des Beaux-Arts en vue d'examiner les mesures à prendre pour favoriser les intérêts de l'art dramatique et lyrique et le développement des théâtres populaires.
En décembre, il fut nommé membre du conseil de famille chez les Hugo.

1906

En février, Jean Aicard fut candidat à la succession académique du cardinal Perraud.
Le 9 avril, il présida l'inauguration du monument à Alphonse Karr à Saint-Raphaël (Var).
Ernest Flammarion publia Benjamine à la mi-juin.
En septembre, Jean Aicard était revenu à La Garde.

1907

En février, Jean Aicard fut candidat au fauteuil d'Edmond Rousse.
Le jeudi 18 avril la Jeanne d'Arc de « Jacques André » fut primée par l'Académie française.
Le dimanche 5 mai, il prononça un discours en vers à l'assemblée générale de la Société centrale de sauvetage des naufragés, dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne.
En septembre, Jean Aicard fut candidat à la succession académique d'André Theuriet. Il assista également aux obsèques de Sully-Prudhomme. Et la troupe de la Porte-Saint-Martin entreprit les répétitions de son Manteau du roi.
En octobre, Jean Aicard annula sa candidature à l'Académie française au fauteuil Theuriet et la reporta sur la succession de Sully-Prudhomme.

1908

En mars, publication de Maurin des Maures puis, en avril-mai, de L'Illustre Maurin.
Fin mai, Jean Aicard était de passage à Nice.
Le 25 juillet, il partit dans le Midi.
En octobre, il se déclara candidat aux fauteuils de François Coppée et de Gaston Boissier.

1909

Le 15 janvier, mort de Reyer : Jean Aicard assista à ses obsèques au Lavandou (Var).
Le 1er avril, les académiciens français élurent Jean Aicard au fauteuil n° 10 laissé vacant par la mort de François Coppée.
À la fin mai, Jean Aicard s'en retourna vers sa Provence et, le 23, les Gardéens lui firent une fête mémorable.
En novembre, il créa le mot « survol » pour désigner le vol des aéronefs.
Le jeudi 23 décembre, il fut reçu solennellement sous la Coupole par son grand ami Pierre Loti.

1910

Le 15 mars, Jean Aicard fut élu membre d'honneur de l'académie d'Aix-en-Provence; puis, en mai, président de la Société Victor-Hugo.
Le 5 juin, il présida l'inauguration du monument élevé à Paris à la mémoire de François Coppée.
Le 28 juillet, il fit le discours d'usage pour la distribution des prix au lycée de Toulon.
Le 20 août, étant en villégiature à Saint-Raphaël (Var), il fut blessé par un cycliste imprudent.

1911

En avril, publication du Théâtre de Jean Aicard, en deux volumes.
Il rentra à Paris fin avril et, début juin, représenta l'Académie française aux fêtes du Millénaire de Normandie.
Le 26 juin, il était à Sceaux pour l'inauguration du buste de Frédéric Mistral.
En juillet, il était aux Mayons (Var), fêté par tout le village.
Le 11 août, il assista à Bormes (Var) au mariage de Mlle Géniat, de la Comédie-Française.
Après une villégiature à Saint-Raphaël (Var), il retrouva La Garde où il travailla à son prochain roman, Arlette des Mayons.
Le 18 décembre, il participa à un banquet à Paris.

1912

En février, Jean Aicard assista au meeting de l'Association générale aéronautique et y lut une poésie.
En mars, il fit une conférence sur le régionalisme à la Maison des étudiants de Paris, lors d'une soirée littéraire consacrée à l'écrivain Jean Revel.
Fin mars, la Comédie-Française donna sa 50e du Père Lebonnard.
Le 18 juillet, discours à Andillac (Tarn) pour l'inauguration du double médaillon à Eugénie et Maurice de Guérin.

1913

Le 5 mai, discours à l'assemblée générale de la Société des gens de mer.

1914-1918

Le 7 février 1914, au Grand-Théâtre de Toulon, lors de la célébration du centième anniversaire du combat livré par le vaisseau Romulus dans la rade le 13 février 1814, Jean Aicard lut une poésie.
L'éditeur parisien Hatier publia, en mars 1914, Le Jardin des enfants. Poésies. Recueil méthodique pour l'enseignement moral. Cours moyen.
Invité aux conférences organisées par la Revue hebdomadaire, Jean Aicard y donna quatre cours sur Alfred de Vigny, les vendredis 6, 13, 20 et 27 mars 1914 ; travail publié en juin par Flammarion.
Début avril, Jean Aicard se trouvait à Draguignan, où une grande fête populaire fut donnée en son honneur ; une rue porte son nom.
Le 21 avril, il était à Saint-Raphaël (Var) pour l'inauguration du monument à l'aviateur Roland Garros.
Le 12 juillet, discours de distribution des prix au lycée d'Avignon.
Le 19 juillet, discours prononcé à Lyon à l'occasion de l'inauguration du monument de Sully Prudhomme.

Le 31 janvier 1915, Jean Aicard fut victime d'un grave accident de la route à Toulon, sa voiture ayant été percutée par un tramway. Portant de nombreuses contusions, un bras cassé, l'académicien dut être hospitalisé.
Retour à l'hôpital, à la fin du mois de mai, pour une délicate intervention qui marque l'entrée de notre écrivain dans la maladie qui l'emporta quelques années plus tard. C'est de son lit de souffrances qu'il apprit le décès de sa soeur Jacqueline, survenu le 12 juin.

Jean Aicard s'engagea pleinement dans la première guerre mondiale. Il mit son énergie et sa plume au service de la cause des combattants et des victimes, magnifiant le courage et l'héroïsme de nos soldats face à la barbarie et à la monstruosité prussiennes. Son œuvre de guerre est considérable : récits, poèmes, théâtre. Elle a été publiée en grande partie dans Aicardiana.

1919

En sa qualité de président de l'Union française, Jean Aicard poursuivit son combat pour la rénovation de la France et le retour à de vraies valeurs morales inculquées à la jeunesse.
La publication de ses deux Gaspard de Besse participa de cet effort en montrant un héros capable de lutter jusqu'à la mort.

1920

Les fêtes de Solliès-Ville, les 7 et 8 août, avec la représentation de Forbin de Solliès dans les ruines du château du petit village, constituent le dernier succès public de notre écrivain... succès d'estime de la part de la population locale, la querelle avec les félibres et les invraisemblances historiques de la pièce ayant éloigné la société intellectuelle.

1921

Malade, Jean Aicard dut se rendre à Paris pour recevoir les soins que nécessitait son état. Hospitalisé à la maison de santé des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Dieu, rue Oudinot (7e arrondissement), il y termina sa vie le jeudi 12 mai vers vingt-deux heures quinze (mais la date portée dans son acte de décès est le vendredi 13 mai ; voir Aicardiana n° 14, pages 149-150). Il fut inhumé le samedi 21 mai, dans le cimetière central de Toulon.